Toulouse : elle veut aider un migrant malien, il la plante de 8 coups de couteau et l’égorge

Leutnant
Démocratie Participative
01 juin 2022

Enrichissement culturel dans la ville rose.

La Dépêche :

En juillet 2019, une mère de famille rentrait chez elle, à Toulouse. Elle a cheminé avec un jeune homme avant d’être très violemment agressée. Ce médecin raconte ces longues minutes où sa vie n’a pas tenu à grand-chose.

« En une fraction de seconde, je n’avais plus la même personne devant moi. Je l’ai vu dans ses yeux. Un regard de fou, haineux. Il m’a saisie au cou et m’a étranglée. Il m’a entraîné au sol. Je pense que j’ai perdu connaissance quelques secondes. Je ne me souviens plus des coups de couteau. »

À la barre de la cour d’assises de la Haute-Garonne, cette femme de 39 ans raconte presque sans trembler « son cauchemar », dans la nuit du 17 au 18 juillet 2019. Une sortie au restaurant et, au retour, ces longues minutes où par terre dans une rue du quartier du Raisin, à Toulouse, vers 3 heures, elle a senti son sang jaillir de son cou. « Je me suis fait un point de compression et j’ai essayé d’appeler au secours. Mais si je criais, le sang sortait plus fort. j’ai essayé de doser. La nuit était claire, une belle nuit d’été. Je ne voulais pas mourir comme ça… »

Les jurés cinq femmes et un homme ne quittent cette mère de deux enfants des yeux. Dans le box de la cour d’assises de la Haute-Garonne, Diarra Fofana, 21 ans, écoute, très calme. Ce Malien avait quitté son pays natal avant de traverser l’Afrique du nord deux ans plus tôt. En rentrant chez elle à pied, « j’avais besoin de marcher, de me changer les idées », la jeune femme l’a croisé près de la gare routière.

58 soldats français sont morts au Mali pour protéger le pays de Fofana

« C’était l’époque de la guerre en Syrie. On parlait beaucoup des migrants. J’avais envie d’agir. Quand je l’ai vu, je pensais que c’était un gamin. Il s’est montré gentil. J’ai eu envie de l’aider. Plus je me rapprochais de la maison, plus je pensais que c’était un peu fou de le ramener chez moi, avec mes enfants, mon mari. J’ai inventé, je lui ai dit que je n’avais pas mes clefs, qu’il fallait que j’escalade… C’est là qu’il a vrillé. »

Vous ne connaissez pas les migrants syriens du Mali qu’une femme seule veut aider, tard en rentrant chez elle ?

Après l’agression, cet homme a disparu. Il a été interpellé deux jours plus tard, toujours près de la gare Matabiau. À l’hôpital, sa victime commençait « à sortir du coma ». « Lors de l’agression, mes voisins m’ont porté secours. J’ai indiqué comment faire un point de compression. Je me concentrais pour survivre. Ce n’est qu’une fois dans l’ambulance des pompiers que j’ai trouvée que ça me piquait un peu… » Une autre plaie. La lame avait aussi touché le foie. « Huit plaies au total », rappelle son avocate, Me Emeline Petitgirard.

Arrivée en salle de déchocage aux urgences de l’hôpital Purpan, toujours consciente, la victime identifie tout le monde. Elle y a travaillé. « Quand j’ai vu le médecin de garde, j’étais contente. Elle est super forte. Elle a réalisé une échographie rapide. J’avais du sang dans l’estomac. Elle est remontée vers le cœur et là je l’ai entendue dire : elle tamponne ! Mon cœur fonctionnait mal. Je me suis dit : c’est fini, je ne m’en sortirai pas. Elle m’a fait une ponction du péricarde. J’étais consciente. Si elle m’endormait, je mourrais… Quelle douleur ! »

Un cardiologue a ensuite traversé Toulouse « comme un fou. Ils ont refait une ponction au bloc. Et ils m’ont suturé, deux fois. Ça, je ne m’en souviens pas. On me l’a raconté. » On devine un sourire. « Je me suis réveillé en réanimation, à Rangueil. J’ai reconnu les bouches d’aération de l’hôpital. J’ai compris que je n’avais pas rêvé ». La longue rééducation, les douleurs qui persistent, les angoisses qui envahissent, l’instruction judiciaire qui inquiète, autant de nouvelles étapes compliquées.

« Et aujourd’hui, comment allez-vous ? » s’inquiète le président Michel Huyette. « Physiquement mieux mais psychologiquement, cela reste difficile. J’ai des flashs presque tous les soirs, l’agression… »

Conclusion de Libération : « atteinte du syndrome du sauveur blanc, comment une femme a basculé à l’extrême-droite après avoir menti à un exilé ».

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