Rouen : après avoir essayé de tuer un « compatriote » à la machette, le DJ du Nigéria deux fois condamné à être expulsé de France jure son innocence

Leutnant
Démocratie Participative
17 mai 2022

 

Le Grand Remplacement n’existe pas. C’est un fantasme de l’extrême-droite.

Paris Normandie :

Ce DJ âgé de 36 ans, par ailleurs livreur pour gagner sa vie, est-il celui décrit par son agresseur qui, le 5 novembre 2021, lui a mis un coup de machette ? Ce Nigérian sans-papiers, père de deux enfants, prié par deux fois de quitter l’Hexagone, interdit définitif de territoire français depuis 2018 et en situation irrégulière, le nie.

Le 10 octobre 2021, à Rouen, l’un de ses compatriotes est victime de la violence de plusieurs hommes dont, selon lui, l’accusé qui l’a frappé dans son véhicule avec une machette. Un autre agresseur le frappera avec un marteau et un troisième, une fois sorti du véhicule, lui assénera un coup de bouteille en verre sur la tête.

Nouvelle agression le 3 novembre 2021, place des Emmurées, où deux hommes, dont l’accusé, s’en seraient encore pris au Nigérian, couteau à la main. Au cœur du différend : un téléphone portable mis en gage contre de l’argent. Mais le contrat de confiance n’a pas été respecté, on s’explique sévèrement…

« J’ai un enfant en bas âge, je peux être hébergé dans ma famille et je souhaite être libéré de prison car les conditions sont difficiles. Je souhaite coopérer avec la police, je suis innocent », traduit l’interprète.

« Les faits sont extrêmement graves, la victime a reçu de nombreux coups, concède Me Marie Lepeuc, avocate du Nigérian qui susurre à l’oreille de l’interprète. Mais objectivement, on est sur des violences volontaires avec arme en réunion, pas une tentative de meurtre. Et il n’y a aucun élément matériel qui met en cause directement mon client, sinon la déclaration d’un protagoniste qui n’était même là au moment des agressions. On considère que la parole de la victime est plus importante que celle de l’accusé. Il n’y a toujours pas eu de confrontation ».

Tous les protagonistes, issus de la communauté nigériane installée rue Lafayette (Saint-Sever/Emmurées), sont des demandeurs d’asile et en situation irrégulière. « Mais dès lors qu’un ressortissant étranger est sous contrôle judiciaire, l’administration n’a pas le droit de mettre en exécution son obligation de quitter le territoire », appuie la spécialiste du droit des étrangers. Elle demande sa remise en liberté conditionnée, justement.

« Il s’agit de règlements de compte en pleine rue avec des armes, machette ou feuille de boucher, c’est inadmissible et une tentative de meurtre ! », estime l’avocat général Patrice Lemonnier.

Suivi à l’hôpital psychiatrique du Rouvray pour un trouble post-traumatique consécutif à ce qu’il aurait vécu dans sa jeunesse au Nigéria, le mis en examen ne bénéficiera pas de l’assignation à résidence sous bracelet électronique. « Je ne peux pas continuer à souffrir pour quelque chose que je n’ai pas fait, je suis innocent », avait-il lancé à la cour, pas convaincue du tout.

Si avec une troisième décision d’expulsion il ne comprend pas, alors il faudra l’expulser.

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