Présidentielles 2017 : Pourquoi les nationalistes doivent se réjouir (Analyse)

GLB
Démocratie Participative
24 avril 2017

 

Beaucoup de camarades sont actuellement déçus du score du Front National, contemplant avec amertume le score de 21,3% de Marine Le Pen. Ils ont en mémoire les 17% de Jean-Marie Le Pen en 2002 et le résultat sensiblement identique de Marine Le Pen en 2012.

Cependant, restons objectifs : le Front National a progressé là où ses deux grands rivaux ont reculé. Il faut contextualiser pour apprécier la situation à sa juste échelle.

L’échec des deux grands partis du système

Emmanuel Macron, fort d’un soutien considérable de la part du système médiatique et financier, a rassemblé 24% des voix contre 28,63% pour François Hollande. Soit 10,2 millions d’électeurs.

François Fillon, à 20%, est en large recul par rapport à Nicolas Sarkozy en 2012, qui totalisait 27,18% des suffrages et 9,7 millions d’électeurs.

Marine Le Pen a rassemblé 6,9 millions de suffrages contre 6,4 millions en 2012. Progresser quand ses adversaires régressent est toujours un motif de satisfaction, pas de déception.

Autre élément à garder à l’esprit, Marine Le Pen perce géographiquement en arrivant en tête dans 19,038 communes sur 37,000. Elle arrive en tête dans 48 départements, soit près de la moitié.

En d’autres termes, le Front National pénètre puissamment dans d’innombrables entités territoriales – régions, départements, communes – préparant la voie à la constitution d’un socle stratégique ancré dans l’arrière-pays français et ses nombreuses périphéries. Seules les grandes métropoles échappent au FN, pour des raisons sociologiques – et raciales – évidentes.

Cette évolution est absolument capitale dans la perspective d’une lutte de longue durée contre le système actuel. Contrôler les territoires ruraux et périurbains offre une grande profondeur stratégique que ne pourra plus contester l’opposition au FN. C’est un aller sans retour qui fait de la « terre qui ne ment pas » un acquis décisif.

Comprendre le contexte dynamique du second tour

Ce à quoi il faut ajouter l’autre évolution positive : la présence de Marine Le Pen au deuxième tour contre un candidat affilié à la gauche et soutenus par tous les partis.

Contrairement à 2002, le FN va pouvoir rallier des électeurs du centre-droit conservateur qui, depuis de longues années, acceptent de se laisser abuser par un parti lié au marais que représentent les Fillon, Raffarin, Baroin ou NKM. Car n’en doutons pas, une bonne moitié des 20% des électeurs des « Républicains » vont voter Front National par refus absolu du candidat de la finance et de l’islamo-négrification de la France.

Cet électorat jusque là imperméable va donc accepter de franchir ce cap psychologique, créant un précédent : ayant voté une fois pour le FN, il sera d’autant plus facile de réitérer, désinhibition oblige.

Notons au passage que l’ex-UMP commet l’erreur stratégique colossale de se précipiter aux pieds d’Emmanuel Macron et d’appeler à mobiliser le « front républicain ». Résultat : l’électorat de François Fillon, qui s’entendait dire à longueur de journée que Macron était le mal absolu et ses succès le fruit d’une « machination », se voit demander de rallier l’ennemi d’hier.

Cette trahison spectaculaire de son propre électorat par les hiérarques de la droite antifasciste va le pousser d’autant plus à voter FN au second tour. Cela va accélérer la destruction du parti gaulliste, un acquis historique majeur.

Le FN peut donc enfin s’attirer les réserves de voix naturelles regroupées au sein de l’aile « droite » de l’ex-UMP et devenir, de facto, le principal parti d’opposition.

Qui peut ne pas jubiler à la vue d’un Baroin, sectateur du Grand Orient, se faire narguer par Marion Maréchal Le Pen le soir d’une défaite inédite sous la 5ème République.

J’estime que le FN devrait faire entre 33% et 38%. Si l’on se souvient que Jean-Marie Le Pen n’était passé que de 17% à 18% entre les deux tours en 2002, chacun pourra constater que c’est ce second tour de mai 2017 qui va offrir au FN sa véritable victoire.

Les camarades doivent contextualiser l’actuelle bataille électorale et ne pas se focaliser sur un résultat de premier tour : l’environnement est dynamique.

Fort d’un très gros tiers de l’électorat français sur une forte mobilisation populaire – plus de 80% – le FN pourra aborder les législatives en force, ayant véritablement pulvérisé une droite antifasciste décapitée. Cette dernière va se perdre entre « front républicain » d’inspiration socialiste et l’abstention, achevant de déboussoler ses électeurs.

Et c’est là que la dimension géographique joue un rôle important : le FN va pouvoir s’emparer d’un solide groupe à l’assemblée nationale, densifiant considérablement son réseau politique sur une moitié du territoire français. Nous allons aussi voir de nouveaux députés émerger, ce qui ne pourra être qu’un bien.

Mais surtout – et j’insiste sur ce dernier point – le FN n’aura pas à gouverner durant cinq ans, à un moment où la crise de la dette souveraine française et de l’Eurozone va s’intensifier. Je puis vous assurer qu’il est infiniment préférable d’avoir un FN organisé en puissant parti d’opposition que de le voir gérer en catastrophe plus de 45 ans de désastre politique. Il est logique et souhaitable que ce soit les principaux architectes du désastre qui assument pleinement le chaos annoncé.