Poitiers : Farid relâché par les juges après avoir écrasé le crâne de Steeve à la matraque

Captain Harlock
Démocratie Participative
23 août 2019

Et dire que des gens – surtout à l’extrême-droite – ne font pas confiance à la justice républicaine.

Voilà un démenti cinglant.

Centre Presse :

Un homme soupçonné d’en avoir battu un autre à mort, qui sort de détention alors que l’enquête se poursuit, c’est rare.

Et c’est arrivé hier matin devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Poitiers. A force d’insister et de marteler les mêmes arguments au fil des audiences de demande de remise en liberté, M Nathalie Marret a fini par emporter la conviction des magistrats saisis d’une nouvelle demande de Farid, accusé d’avoir tué son meilleur ami un soir de beuverie dans un appartement de la rue Porte de Châlons, à Saint-Maixent-l’École (79).

C’était une nuit de décembre 2017. Et alors que près de deux années ont passé, l’instruction est en panne. La faute au déficit actuel en juges d’instruction à Poitiers; il en manque deux (annoncés pour la rentrée). Depuis des mois, de nombreux dossiers criminels ont pris du retard. Une situation intolérable pour l’avocate de Farid, lequel martèle son innocence depuis le début accusant Teddy, un autre participant à la soirée, lui aussi détenu.

Au printemps dernier, M Nathalie Marret espérait qu’une reconstitution serait organisée. L’été s’achève et rien n’est venu. Pas même l’élémentaire et courtoise réponse aux courriers adressés.

« La confrontation, je la réclame depuis juillet 2018. Il m’avait été répondu que les deux accusés devaient être réentendus d’abord en octobre et novembre. Rien n’a été fait derrière. J’ai fait une nouvelle demande… et pas de réponse », déplore l’avocate.

A l’heure actuelle, deux versions d’une même soirée mortelle continuent à s’opposer.

Farid conteste avoir battu à mort son copain, retrouvé le crâne fracassé et avec des traces de coups sur tout le corps. L’appartement était un champ de bataille maculé de sang dans la cuisine et vers le canapé. Le Parthenaisien accuse Teddy… qui le charge!

L’ADN de Farid a été retrouvé sur la matraque de Teddy qui a servi à frapper la victime; de petites tâches de sang ont aussi été retrouvées sur lui. Pas de quoi faire vaciller la conviction de M Marret. « La matraque, il l’a enlevée des mains de Teddy, dont plusieurs témoins disent qu’il portait des gants. Il n’y avait aucune trace sur les mains de mon client alors que des coups ont été portés. Les trois traces de sang sur lui sont toutes petites. Quand on voit le déchaînement de violence et l’appartement maculé, ça ne colle pas. »

Teddy au passé violent devient de fait le principal suspect, lui qui avait été interpellé plus tard, à la faveur d’un mandat de recherche délivré par la justice. La confrontation fera-t-elle bouger les lignes?

En attendant, les magistrats s’inquiètent de savoir où irait Farid, confronté depuis longtemps à des difficultés avec l’alcool. Un foyer niortais est prêt à l’accueillir, assure son avocate. Une situation qui ne convainc pas l’avocat général, opposé à toute libération dans cette affaire qui avait causé localement un grand émoi.

Les magistrats de la cour d’appel de Poitiers en ont jugé autrement, estimant que le délai raisonnable de détention provisoire était dépassé au vu de la conduite de cette instruction. Farid recouvre la liberté sous contrôle judiciaire.

C’est un grand soulagement.

Emprisonner un maghrébin innocent de cette façon relevait du racisme le plus abject.

Il fallait envoyer un signal fort en libérant Farid.

Nous pouvons remercier l’opiniâtreté de Nathalie Marret dans ce dossier, bien décidée à remettre ce poivrot arabe en circulation.

Merci.