Orléans : les réfugiés ukrainiens arrivent !

Captain Harlock
Démocratie participative
07 mars 2022

De nouveaux réfugiés syriens d’Ukraine de Guinée arrivent en France.

La République du Centre :

Mohamed, Nathalie et leurs trois enfants ont quitté Odessa, en Ukraine. Ils ont fui la guerre. Après une semaine d’un voyage très éprouvant, ils sont arrivés à Orléans. Voici leur récit.

Il a la stature d’un basketteur. Il tire une valise aussi petite que lui est grand. Une petite valise, et un grand sac cabas. Voilà tout. Tout ce que possèdent aujourd’hui Mohamed, sa femme Nathalie et leurs trois enfants, 8, 5 et à peine 3 ans. Ce qu’ils ont de plus précieux ne se trouve pas dans ces maigres bagages, mais dans une chemise cartonnée dont le père de famille ne se sépare jamais. Elle contient leurs papiers. Papiers que le quadragénaire tient à montrer comme pour « valider » son récit. Récit criant de sincérité dont personne ne peut pourtant douter.

Mohamed a grandi en Guinée. Il y a obtenu un diplôme en droit public. Il parle très bien français. Il s’est installé en Ukraine, à Odessa, un million d’habitants, il y a quatorze ans. Il y a rencontré sa femme, ukrainienne. Elle enseigne l’anglais à l’école.

Avant de raconter sa fuite, l’homme confie : « Je suis arrivé en 2007 et je n’ai été en règle qu’en 2012. J’ai bataillé pour obtenir l’asile politique. Déjà avant la guerre, on avait beaucoup de mal à s’intégrer en Ukraine. Odessa est russophone. Les russophones ne connaissent pas les noirs. » Double peine.

« On suivait les infos comme tout le monde, mais on ne pensait pas que ça puisse en arriver là. » Il est 4 heures du matin dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 quand la famille entend les premiers bombardements. Mohamed les filme, comme pour réaliser. À ce moment-là, il a encore « espoir que ça cesse ».

Le jour se lève et ses enfants avec. Mohamed préfère les garder à la maison. La famille vit près de la gare.

« Je suis sorti voir ce qui se passait dans le quartier. Déjà beaucoup de monde partait. Les sirènes hurlaient. Je suis allé faire le plein de provisions. Pour cent dollars environ. Il était 12 heures et on entendait encore les tirs. J’ai appelé des amis pour savoir ce qu’ils faisaient. J’ai compris que la situation était sérieuse. J’ai dit à Madame, “il faut partir”. « 

Mais « les banques sont déjà fermées. Les distributeurs n’ont plus de billets. On nous prête une voiture. On fait la queue une heure à la station essence. Nous sommes limités à vingt litres. On connaît le pompiste. On négocie le double. Il fallait quitter la ville maintenant, ça tirait. »

D’abord la voiture jusqu’à Uman. Puis le bus. Jusqu’à Lviv. C’est durant ce long trajet que Mohamed voit pour la première fois des armes « ailleurs qu’à la télé » : « Dieu merci, il faisait nuit, les enfants dormaient. »

« C’est vraiment terrifiant. Personne ne veut vivre ça. »

Éprouvé, les yeux humides, le papa évoque Lviv, ses alertes à la bombe, ses bousculades, ses trains bondés vers la Pologne, dans lesquels « les noirs sont refusés ». »La guerre nous a fait nous déplacer, mais on avait avant cela d’autres peines qu’on ne peut expliquer », livre-t-il. Double cruauté.

La famille trouve finalement un taxi. Cher payé. « Il nous a pris 250 euros. » C’est ensuite 45 kilomètres qu’il faut parcourir jusqu’à la frontière. À pied. Parents et enfants se lancent. « Dieu merci, un homme en voiture a bien voulu nous emmener. »

Vingt-quatre heures, ils attendent, pour passer de l’autre côté. À la frontière, Mohamed est particulièrement marqué par les au revoir déchirants ; ceux d’hommes qui restent au pays tandis que femmes et enfants fuient.

« Nous sommes très stressés. Nous faisons tout pour ne pas le répercuter sur les enfants. Notre petit a de la fièvre. Nous sommes inquiets. Heureusement, on commence vraiment à sentir de la solidarité. »

Ils montent à bord d’un bus gratuit. Direction Varsovie. « Une fois sur place, on est vraiment très fatigués. On prend deux jours pour se reposer. Se laver. Reprendre nos esprits. » Puis de nouveau un bus, pour Paris cette fois-ci. « J’ai toujours eu envie de rejoindre la France, mon pays de rêve. Ça ne sert à rien de repartir en Ukraine pour mettre mes enfants en danger », lâche le père.

Sur son téléphone, une photo de la Concorde. La famille rencontre un passant qui leur dit : « Ici, c’est Paris, ça va être difficile. Allez à Orléans, les gens de là-bas peuvent vous accueillir. » Ils prennent le train et enfin, jeudi, une semaine après être partis, ils sont pris en charge par l’auberge de jeunesse et le Secours catholique.

La maman ukrainienne tire de son sac une composition de l’Atelier après la pluie, fleuriste en centre-ville d’Orléans. Un petit cadeau. Elle n’a plus de mots. Si ce n’est un bouquet de « merci ! » pour ceux qui l’ont accueillie. Après la pluie…

Mohammed n’a pas défendu sa chère Ukraine.

C’est désormais un futur Français, père de trois futurs Français.

EELB sera bientôt de retour

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