Les journalistes blanches du Parisien se mobilisent pour le futur ingénieur Mohamed

Leutnant
Démocratie Participative
10 août 2020

Le mème devient réel.

Le Parisien :

D’une voix presque timide, il évoque une « situation délicate », et s’étonne presque que « tant de gens aient confiance en mon projet professionnel, sans forcément me connaître ». Plus de 80 personnes ont en effet déjà répondu à l’appel aux dons de Mohamed, un jeune Ivoirien de 22 ans, boursier du Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) mais à qui les banques refusent un prêt d’études pour sa 2e année à l’École spéciale des Travaux publics ESTP Paris. La raison ? l’étudiant ingénieur n’a pas de garant, et pour cause : son père est décédé il y a 2 ans, et sa maman, installée en France depuis une dizaine d’années mais sans emploi, reste seule à élever les 3 petites sœurs de Mohamed, dont l’aînée n’a que 7 ans.

Pour le jeune homme, qui vit en France depuis 6 ans et y a passé le bac, avant une classe préparatoire puis son concours d’entrée en école d’ingénieurs, le casse-tête financier a commencé lorsqu’il a demandé un prêt pour les plus de 2 800 € de frais de scolarité de sa première année. « Dans ma famille proche, ou même des amis, personne n’a de CDI, or c’est la condition des banques », soupire-t-il. À l’aube de la rentrée en 2e année, et donc de nouveaux frais, il se retrouve privé des services étudiants de son école, peine à trouver des petits jobs, et encore plus à dénicher un stage. « Avec la crise sanitaire, ce stage n’est plus obligatoire, précise-t-il, mais même si je parviens à en trouver un, l’école ne signera pas de convention tant que je n’aurai pas soldé mes frais de scolarité… C’est un cercle vicieux ». Mohamed aurait également dû régler plus de 1 200 € fin juillet, pour sa préinscription… Cumulée, son « ardoise » à l’ESTP Paris dépasse 4 000 €. « Je ne sais pas où les trouver », se désespère-t-il.

À force de creuser en vain toutes les pistes possibles, c’est sur le conseil d’amis, au sein d’un groupe du réseau social, que Mohamed s’est résolu à lancer un appel aux dons sur la plateforme de financement participatif GoFundMe (*), Un SOS qui bousculait pourtant son amour-propre. « J’étais au pied du mur mais je ne voyais pas vraiment pourquoi des gens m’aideraient moi, et j’étais sûr que personne ne répondrait! » explique-t-il.

Et pourtant. Sur les 4 070 € qu’il espère rassembler, l’étudiant peut déjà compter sur près de 1 768 €, offerts par des connaissances mais aussi de nombreux anonymes, qui ont glissé parfois 10 €, souvent 50 € au « pot », et même 100 €. « C’est surprenant, et encourageant, sourit-il. L’idéal serait que je trouve un petit travail. Pendant le confinement j’ai fait de la manutention, des livraisons etc., mais je n’ai plus rien. J’ai lancé beaucoup de pistes, j’espère que cela aboutira. L’important, c’est que je puisse finir mes études ».

Et après ? « Après… j’aurai mon diplôme, un niveau Bac + 5, mais mon statut d’étudiant étranger expirera avec les études, s’assombrit Mohamed. Le pire serait qu’on me demande de retourner en Côte d’Ivoire, alors que je n’y ai plus aucune attache ». Le jeune homme préfère croire que sa demande de carte de séjour, pour laquelle il a rendez-vous en octobre à la préfecture, sera également acceptée.

Grâce à la journaliste blanche Elodie Soulié du Parisien, Mohamed a déjà rassemblé 3,700 euros ! Avec cet article, la préfecture ne fera pas de difficulté pour accueillir cet ingénieur en robotique ivoirien !

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