Allemagne : l’AfD rassemble un quart de l’électorat dans deux élections régionales majeures

Captain Harlock
Démocratie Participative
02 août 2019

L’Alternative pour l’Allemagne a nettement progressé dans deux régions d’Allemagne de l’est, la Saxe et le Brandebourg.

Valeurs Actuelles :

Alternative pour l’Allemagne a notamment atteint 27,5% des voix en Saxe, un Land d’ex RDA, talonnant le parti conservateur d’Angela Merkel.

Dans le Brandebourg, autour de Berlin, la formation atteint un score de 22,5%, contre 12,2% en 2014. Mieux encore, en Saxe, l’AfD culmine à 27,5%, contre 9,7% en 2014, talonnant de ce fait le CDU (Union chrétienne-démocrate d’Allemagne) d’Angela Merkel, qui pointe à 32%. Ces résultats illustrent la césure qui persiste entre l’Est et l’Ouest, trois décennies après la réunification du pays.

Si l’AfD ne décroche aucune première place, et n’est donc pas en mesure de gouverner, cette performance est significative. « Nous sommes très satisfaits », commente le co-dirigeant du parti, Jörg Meuthen. « Nous avons plus que doublé notre résultat de 2014 en Saxe et dans le Brandebourg », se réjouit-il. « Nous ne sommes pas encore la force puissante, il manque encore quelque chose. Le travail commence », tempère néanmoins un autre cadre du mouvement, Alexander Gauland. Un troisième scrutin aura lieu en Thuringe, une autre région de l’ex-RDA, le 27 octobre.

C’est en tout cas une nouvelle déconvenue pour Angela Merkel, quand bien même son parti limite la casse dans ces deux Länder. En Saxe, la chancelière perd cinq points par rapport à 2014. Dans le Brandebourg, le parti social-démocrate allié sauve la première place. Dès l’annonce des premiers résultats, la CDU a d’ailleurs fait savoir qu’elle ne formerait aucune coalition avec l’AfD. Ces Länder pourraient donc se trouver paralysés par des alliances hétéroclites associant droite et gauche.

Habités par un sentiment de déclassement par rapport à l’Ouest, les habitants de l’ex-RDA se sentent heurtés par la politique d’accueil des migrants menée par Angela Merkel depuis 2015. L’AfD a profité de cette situation pour faire campagne contre les formations traditionnelles, tout en développant un discours farouchement anti-migrants et climato-sceptique.

La progression de l’AfD est pour l’essentiel limitée à l’Allemagne de l’est. Ce qui s’explique par la survie d’un sentiment identitaire collectif qui n’a pas encore été complètement rongé par l’individualisme bourgeois de la démocratie capitaliste.

C’est d’ailleurs un phénomène que l’on retrouve dans tous les anciens états du Bloc communiste.

La bonne nouvelle, c’est que le parti est tenu par un nationaliste dans le Brandebourg.

Andreas Kalbitz a attiré l’attention de la presse juive qui a essayé de le discréditer à la veille du scrutin.

The Guardian :

Un politicien allemand en lice pour devenir le premier Premier ministre de l’état de l’Alternative populiste de droite pour l’Allemagne aux élections de ce dimanche a participé à un rassemblement néonazià Athènes en 2007, des documents ont fait l’objet d’une fuite dans les médias.

Andreas Kalbitz, 46 ans, est le principal candidat de l’AfD pour le Brandebourg, où les sondages suggèrent que le parti est en compétition avec le parti social-démocrate (SPD) de centre-gauche dans la course pour devenir la force politique de l’Etat.

Personnage très influent dans l’aile ouvertement nationaliste de l’AfD, Kalbitz est susceptible d’accroître son influence au sein du parti à la suite des sondages menés ce week-end dans le Brandebourg, en Saxe et en Thuringe, et il a souligné son rejet strict des idées et organisations antidémocratiques.

Cependant, un rapport de l’ambassade d’Allemagne à Athènes, publié vendredi par Der Spiegel, a désigné Kalbitz comme l’un des 14 néo-nazis allemands qui se sont rendus dans la capitale grecque en janvier 2007 pour un rassemblement organisé par l’Alliance patriotique, un parti ultranationaliste de courte durée formé par des membres de Golden Dawn.

Parmi les autres membres de la délégation allemande figuraient des personnalités du NPD, fondé en tant que successeur du parti du Reich allemand, y compris son chef, Udo Voigt, a rapporté Der Spiegel.

Le groupe a attiré l’attention de la police locale et de l’ambassade d’Allemagne parce qu’ils avaient accroché un drapeau portant la croix gammée au balcon de l’hôtel Solomou au centre d’Athènes. L’entrée et le balcon de l’hôtel ont été incendiés plus tard dans la soirée. L’ambassade croyait que l’attaque avait été menée par des membres de la scène anarchiste.

Interrogé par Der Spiegel, Kalbitz a confirmé qu’il s’était rendu à Athènes en 2007, mais qu’il n’avait pas été présent à l’hôtel lors de l’attentat à la bombe  » et la séquence des événements qui y sont liés « .

L’homme politique bavarois de l’AfD a prétendu avoir été un participant peu enthousiaste au rassemblement. « L’évaluation rétrospective de cet événement n’a pas suscité d’intérêt ou d’approbation de ma part, ni dans ses objectifs politiques, ni dans la sélection des participants. »

La révélation des liens néonazis de Kalbitz est le dernier détail qui a sapé les efforts pour donner un visage respectable au parti populiste de droite. Ce mois-ci, le journal Die Welt a déniché deux documentaires sur la Seconde Guerre mondiale dans lesquels Kalbitz était scénariste aux côtés de son défunt beau-père Stuart Russell, un citoyen britannique qui a servi dans l’armée britannique en Allemagne et qui s’est ensuite installé près de Paderborn.

Thomas Weber, professeur d’histoire à l’Université d’Aberdeen, a décrit un des films, Hitler : Le Soldat inconnu, 1914-1918, comme une  » habile glorification d’Hitler « , qui a digéré sans critique la propagande nationale-socialiste et dépeint la Première Guerre mondiale comme le résultat d’une  » alliance diabolique  » de juifs et de marxistes.

Kalbitz a dit à Die Welt qu’il avait aidé au scénario du film parce que le père de sa femme n’était pas un locuteur natif, et il a insisté sur le fait que Russell « n’était pas un radical ou un extrémiste de droite ».

Visiblement, cette campagne n’a pas eu d’impact particulier si l’on en juge par les quelques 22% des voix récoltées par l’AfD brandebourgeoise.

De toute façon, un déplacement en Grèce vieux de dix ans et deux films ne sont pas de nature à changer quoi que ce soit quand on est submergé par des animaux du Moyen-Orient ou d’Afrique qui violent les gamines allemandes au coin des rues.

Ceci dit, c’est plutôt une bonne nouvelle que l’aile nationaliste perce car l’AfD dans l’ouest de l’Allemagne tend à être poreuse au poison libéral.

Et puis il y a des femmes à des postes de direction, ce qui est toujours la source de problème, tôt ou tard. Plus les leaders de l’est s’affirment, plus ils prennent de poids dans le parti à l’échelle nationale.

Le point négatif, c’est que la CDU de Merkel continue de surnager à cause du vote des Boomers.

Ces vieux, comme ici, n’ont qu’une obsession : leurs retraites. La prolifération des métèques leur semble secondaire.